Les femmes et le bénévolat d'affaires : en voie vers la parité

Les femmes et le bénévolat d'affaires : en voie vers la parité
Les femmes jouent un rôle clé dans le bénévolat d’affaires, mais restent sous-représentées dans les cabinets de campagne, où la sollicitation de fonds est centrale. Cet article explore les freins à leur engagement et les leviers pour renforcer leur impact en philanthropie. 

Le bénévolat d’affaires est un moteur essentiel pour les organismes à but non lucratif (OBNL). Derrière chaque conseil d’administration, chaque campagne de financement et chaque levée de fonds, il y a des professionnels qui offrent de leur temps et de leur expertise pour faire avancer des causes essentielles. Et les femmes y jouent un rôle clé. 

Pourtant, quand on observe les données liées au bénévolat d’affaires, un constat s’impose : il y a encore du chemin à faire pour atteindre la parité. L'engagement des femmes est fort au sein des conseils d’administration, où elles occupent près de la moitié des sièges. En revanche, elles sont beaucoup moins présentes dans les cabinets de campagne, où il est question de financement et de sollicitation. Cette disparité reflète-t-elle une réalité plus large du monde des affaires, où les femmes demeurent sous-représentées dans les sphères stratégiques et décisionnelles ? 

L’étude 2023 Les leaders féminines et la philanthropie, menée par Épisode et ses partenaires, met en lumière ces tendances, soulignant à la fois l’apport considérable des femmes et les obstacles qui freinent encore leur pleine implication. Quels leviers activer pour renforcer leur impact ? Décryptage d’une dynamique en évolution. 


 
Une présence forte, mais encore limitée 

Si on regarde le monde du travail, on observe que la progression est réelle, mais que des écarts subsistent : en 2021, les femmes occupaient seulement 16 % des postes de haute direction dans les entreprises cotées en bourse au Québec, et moins d’un quart des sièges des conseils d’administration des entreprises publiques étaient occupés par des femmes. Pourtant, du côté des OBNL, la tendance s’inverse : 49 % des conseils d’administration sont composés de femmes. 

En clair, les femmes sont beaucoup plus présentes dans la gouvernance des OBNL que dans le monde des affaires. Mais cette parité apparente varie selon les secteurs. Dans les organismes artistiques et culturels, 90 % des conseils d’administration atteignent la parité hommes-femmes, tandis que dans le développement économique et l’employabilité, ce chiffre tombe à 60 %

Toutefois, lorsqu’il est question de financement, la tendance s’inverse de nouveau. Dans les cabinets de campagne des moyens et grands organismes, on retrouve en moyenne 31 % de femmes, avec une représentativité oscillant entre 14 % et 50 %.  

Pourquoi sont-elles moins nombreuses dans ces comités stratégiques, là où leur influence pourrait être mise à profit ? 

 

Un engagement motivé par l’impact et la transmission 

Les données de notre étude sur le bénévolat d’affaires indiquent que les femmes bénévoles d’affaires s’engagent avant tout par conviction et par désir d’avoir un impact direct sur leur communauté. Elles sont : 

  • 71 % à vouloir s’investir pour faire une différence dans leur milieu (contre 56 % chez les hommes); 

  • 72 % à chercher à aider et redonner (contre 54 % chez les hommes); 

  • 66 % à choisir des causes qui leur tiennent à cœur (contre 53 % chez les hommes). Il n’y a qu’à lire les portraits de Marie-Josée Dutil et de Geneviève Fortier pour en comprendre tout le sens! 

En d’autres termes, leur engagement est porté par la volonté d’avoir un effet tangible sur la société. Cette approche se reflète dans les causes qu’elles privilégient : 

  • Plus de la moitié des femmes bénévoles d’affaires s’impliquent au sein des services communautaires locaux

  • Un tiers (34 %) soutiennent des initiatives en santé et en enfance

  • 30 % s’engagent dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale

Elles sont également plus nombreuses que les hommes à siéger sur des conseils d’administration (36 % contre 27 %) et à offrir des services d’expert pro bono (34 % contre 24 %), mettant directement leurs compétences professionnelles au profit des OBNL québécois.

Bien qu’elles soient moins représentées au sein des cabinets de campagne, elles jouent néanmoins un rôle moteur dans la collecte de fonds des organismes auprès desquels elles s’impliquent : 52 % d’entre elles sollicitent des dons, comparativement à 44 % des hommes. 

Notons également que les femmes engagées en philanthropie s’investissent en moyenne plus longtemps que leurs homologues masculins, avec une durée d’implication de 7,3 années, contre 5 ans pour les hommes. 

 
Entre engagement et contraintes, un équilibre à trouver 

Si les femmes demeurent sous-représentées dans certaines sphères de pouvoir philanthropique, notamment au sein des cabinets de campagne prestigieux, ce n’est pas uniquement un problème d’accès. Elles sont bel et bien sollicitées pour y participer, mais refusent souvent. L’un des freins majeurs ? La sollicitation de fonds, qui constitue la mission principale des cabinets de campagne. 

Les femmes qui n’ont pas sollicité de dons expriment une préférence pour donner elles-mêmes plutôt que de solliciter leur entourage. Lorsqu’elles le font, elles s’adressent plus souvent à leur famille et à leur réseau personnel, tandis que les bénévoles d’affaires notoires privilégient leur employeur et leur réseau professionnel. En d’autres termes, plus la sollicitation devient une pratique régulière, plus elle se dépersonnalise. 

L’étude révèle également que le fait de pouvoir démontrer l’impact des dons et de fixer des objectifs financiers clairs et réalistes en fonction du réseau et de sa capacité de mobilisation, permettrait d’améliorer le confort des bénévoles d’affaires dans cet exercice.  

Dans ce contexte, tant les femmes que les hommes bénévoles d’affaires expriment un besoin d’outils et d’accompagnement pour remplir leur rôle efficacement. En effet, près de 65 % des cadres et dirigeant·e·s sont intéressé·e·s par des outils tels que l’accompagnement professionnel, le mentorat et des séances d’information afin de mieux appréhender leur engagement.

Petit aparté : ces éléments clé de l’engagement des bénévoles d’affaires sont notre expertise. Notre collègue Anaïs Cauchois-Benavides vous offre d'ailleurs dix astuces pour attirer des bénévoles d’affaires qui vous appuieront dans vos démarches de sollicitation. Vous souhaitez aller plus loin? Nous pouvons vous accompagner tant à la phase d’analyse de potentiel de financement que dans notre accompagnement en campagne majeure de financement


 
Un avenir qui s’écrit aussi au féminin 

Cet article le démontre bien : les femmes sont déjà des actrices majeures du bénévolat d’affaires. Comment aller encore plus loin ? Certaines pistes de réponse se situent au niveau de la culture des entreprises québécoises :  

  • Les entreprises ont un rôle clé à jouer en reconnaissant et en valorisant le bénévolat d’affaires comme une véritable compétence professionnelle, facilitant ainsi l’engagement de leurs employées. L’étude montre que le soutien de l’employeur influence la capacité et le confort à solliciter des dons. 

  • Les OBNL peuvent encourager la mixité dans les rôles stratégiques, notamment par des programmes de mentorat et de formation dédiés aux femmes et aux hommes, afin d’accroître leur aisance dans la sollicitation de dons. 

  • Le recrutement des bénévoles mérite une structuration plus poussée et une sensibilisation accrue aux opportunités existantes. Une approche stratégique consisterait à engager d’abord les femmes dans des rôles correspondant à leurs préférences, puis à les accompagner progressivement vers des responsabilités liées à la sollicitation. 

En somme, le développement de réseaux féminins en philanthropie et la mise en avant de modèles inspirants sont aussi des leviers essentiels pour renforcer leur implication. Sans contredit, le bénévolat d’affaires se professionnalise, tout comme les organismes qu’il soutient. Tant au niveau de la gestion de ces organismes qu’au sein de leur gouvernance et de leur financement, les femmes jouent un rôle croissant qui, à son tour, contribue à faire grandir la philanthropie. 

Vous avez besoin d’aide pour structurer et maximiser l’impact de votre bénévolat d’affaires? Notre équipe peut vous accompagner. Contactez-nous! 

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