Les tendances en philanthropie dans le secteur de l'éducation

Les tendances en philanthropie dans le secteur de l'éducation

Bien que la rentrée scolaire soit derrière nous, les enjeux liés au financement du milieu scolaire, eux, n’ont pas fini de faire couler de l'encre. Alors que les écoles font face à des défis croissants en matière de ressources, comment les donateurs québécois contribuent-ils à soutenir ce secteur crucial?

Comme la santé, l’éducation est une priorité dans notre société. On souhaite que ces systèmes soient accessibles à tous, et que les prestations qu’ils offrent soient de grande qualité. Comme société, nous avons statué il y a plusieurs décennies que le Québec ne méritait rien de moins. Or, force est de constater que le financement public ne parvient pas à couvrir l’ensemble des besoins grandissants de ces secteurs prioritaires.  

La philanthropie constitue donc une avenue de financement primordiale, qui est d’ailleurs empruntée par beaucoup d’institutions scolaires de la province. On le sait, la santé tire bien son épingle du jeu avec la philanthropie, étant LE secteur de prédilection des donateurs québécois. Mais qu’en est-il de l’éducation? Dans cet article, nous allons explorer les grandes tendances en matière de dons en éducation, secteur qui arrive en 6e place des secteurs privilégiés par les donateurs au Québec, comme le révèle notre plus récente édition de l’Étude sur les tendances en philanthropie (2024)

 

Les donateurs individuels : un lien à entretenir 

Notre expérience auprès d’organismes œuvrant dans le secteur de l’éducation nous démontre que les donateurs individuels représentent une part essentielle des contributions. Globalement, bien que les générations plus âgées, comme les baby-boomers et les matures, sont parmi les plus généreuses (ils sont plus nombreux à donner des sommes en moyenne plus élevées que leurs congénères), dans le secteur de l’éducation, on observe une tendance différente.  

En effet, parmi les donateurs québécois, ceux qui contribuent avant tout en éducation sont les membres de la génération Y. À l’échelle de la province, 44 % des Y font des dons à 2,6 organismes en moyenne. Et leur budget de don annuel s’élève en moyenne à 377 $. Alors que 11 % des donateurs québécois, toutes générations confondues, ont donné à l’éducation en 2023, ce sont 22 % des donateurs de la génération Y qui ont soutenu ce secteur.  

Ces résultats ne surprennent pas. Alors que le Québec travaille encore à bâtir sa culture philanthropique, certains secteurs ont une longueur d’avance, comme la santé, telle qu’évoquée plus tôt. On estime que la santé connaît un tel succès auprès des donateurs parce que ces derniers se sentent personnellement touchés; on fréquente les hôpitaux, on obtient des services et du soutien pour nous ou nos proches, on est reconnaissant d’être pris en charge, et ce, à tout moment dans une vie, particulièrement lorsqu’on avance en âge.  

Le secteur de l’éducation touche aussi tout le monde, un jour ou l’autre. Cependant, lorsque l’on se retrouve sur les bancs d’école et que l’on reçoit cette éducation, on est encore bien loin de comprendre le privilège que cela représente, et encore plus loin d’avoir les moyens de faire un don. Est-il surprenant que ce soient les plus jeunes générations qui donnent, alors ? Plus nouvellement diplômés, les membres des générations Z et Y se retrouvent certainement en plus grand nombre dans les bases de données des écoles secondaires, collèges, cégeps et universités. D’autre part, du côté préscolaire, primaire et secondaire, ces plus jeunes générations sont aussi des parents en mesure de constater que les besoins sont grands et elles sont touchées directement par les collectes de fonds qui s’organisent pour apporter des améliorations aux milieux éducatifs fréquentés par leurs enfants.  

 

La nécessité de cultiver sa communauté 

Travaillant avec des écoles, des collèges et des universités, nous sommes à même de constater que la communauté de proximité de ces institutions constitue le plus grand bassin de donateurs potentiels. Or, les établissements québécois en éducation n’ont pas nécessairement mis en place les mécanismes utiles à la mobilisation de leurs anciens, comme on peut l’observer dans le Canada anglais ou même aux États-Unis, où la notion d’Alumni est instaurée depuis longtemps. Les associations d’anciens et les réseaux de diplômés réussissent certes à rassembler certains des leurs lors d’événements anniversaires, tournois amicaux ou autres activités. Cependant, ces associations sont peu nombreuses à posséder des bases de données répertoriant des informations à jour sur leurs anciens. Évidemment, cela n’est pas irrémédiable et diverses actions stratégiques peuvent être déployées afin de rallier la communauté. De nombreuses campagnes d’écoles secondaires et de cégeps peuvent en témoigner! Il n’est jamais trop tard pour instaurer une culture philanthropique. 

Quant au milieu universitaire, il bénéficie davantage de dons significatifs que les autres institutions scolaires. On ne s’éloigne cependant pas beaucoup de l’intérêt propre à un individu envers son alma mater, envers le secteur qui l’a vu évoluer sur le plan professionnel ou qui l’intéresse particulièrement, professionnellement ou personnellement. Récemment, plusieurs dons exceptionnels ont été faits à des universités québécoises dans un tel contexte (à titre d’exemple, le don de 200 M$ de John McCall MacBain à McGill en 2019 et le don de 40 M$ de Pierre-Karl Péladeau et de Québecor à l’UdeM en 2022). Mais qu’en est-il des dons des « diplômés » moins fortunés? Comme en témoignait Daniel Jutras, recteur de l’UdeM lors d’une conférence en février dernier à la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, au Canada anglais, les dons des diplômés représentent 40 à 50 % des revenus des universités alors qu’à l’UdeM, ils représentent tout juste 8 %. C’est d’ailleurs dans l’optique de développer la culture philanthropique auprès de ses diplômés que l’UdeM s’est engagée à générer 200 000 gestes auprès des membres de sa communauté. Par ailleurs, mentionnons que lors d’une des premières entrevues accordées à un média par Kathy Baig, nouvelle directrice générale de l’ÉTS, cette dernière a affirmé qu’elle comptait sur l’engagement des diplômés et sur la philanthropie pour contribuer au développement de l’école d’ingénierie. 

 

Les dons corporatifs : dans la cour des grands 

Les entreprises donnent aux cégeps et aux universités, bien souvent pour des raisons s’apparentant à un intérêt social ou commercial. Notre étude (2024) révèle que si 50 % des grandes entreprises donatrices font des dons en éducation, elles ne donnent pas aux secteurs du préscolaire, du primaire et du secondaire (c’est même très souvent une exclusion nommée dans les politiques de dons de certaines entreprises), mais dirigent plutôt leur don vers l’éducation de manière générale, vers la persévérance scolaire et l’éducation postsecondaire.  

 

Le soutien « hors mur » est aussi essentiel 

Et plus encore, il y a aussi toutes les causes liées de très près à l’éducation et qui assurent un éventail de services et de soutien “hors les murs des écoles”. Ces organismes poursuivent des missions complémentaires et visent différentes clientèles, entre autres, les jeunes ayant un trouble de l’apprentissage, les élèves décrocheurs, les personnes ayant besoin de francisation, l’alphabétisation, etc. Autant d’organismes essentiels dans notre communauté, pour lesquels le gouvernement n’est pas en mesure d’assurer pleinement le fonctionnement et dont les retombées à court terme sont inestimables pour les bénéficiaires et les impacts à moyen et long terme sont considérables pour l’ensemble de la société. Or, dans ce secteur, on compte moins sur les dons individuels que sur les dons des entreprises et des fondations privées qui soutiennent l’éducation. Notre étude (2024) le révèle, les entreprises donnent à ces créneaux alors que les individus vont d’abord soutenir les institutions de niveaux préscolaire, primaire et secondaire.  

 

En conclusion, si notre dernière Étude sur les tendances en philanthropie (2024) offre un regard éclairé sur l’intérêt des donateurs individuels et corporatifs à l’égard du secteur de l’éducation, elle met aussi en lumière leurs préférences et leurs habitudes de dons. Ainsi, nous vous invitons à la consulter afin de mettre en place les stratégies les plus appropriées afin de les sensibiliser à votre cause, quelle qu’elle soit. 

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